Le rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique

Le rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique

Le changement climatique est l’un des défis les plus pressants de notre époque, affectant toutes les couches de la société, mais de manière disproportionnée les femmes et les filles. Cet article explore en profondeur le rôle crucial que les femmes jouent dans la lutte contre le changement climatique, leurs vulnérabilités spécifiques, et les solutions innovantes qu’elles apportent.

Les femmes et la vulnérabilité aux impacts climatiques

Les femmes sont plus vulnérables aux impacts du changement climatique pour plusieurs raisons, tant physiologiques que socio-économiques.

Vulnérabilités physiologiques et sanitaires

Les femmes ressentent davantage les effets sanitaires du changement climatique. Des études ont montré que les femmes sont plus sensibles aux variations de température et aux épisodes climatiques extrêmes, tels que les canicules et les grands froids, en raison de facteurs hormonaux et mécaniques.

Par exemple, lors de la canicule de 2003 en Europe, la mortalité chez les femmes a été 15 % supérieure à celle des hommes. Cette différence s’explique en partie par les normes thermiques et les réglages des appareils de climatisation et de chauffage, qui sont souvent conçus pour les hommes et ne correspondent pas à la température de confort des femmes.

Vulnérabilités socio-économiques

Les femmes sont souvent plus exposées à la précarité et à la vulnérabilité face aux dérèglements climatiques en raison de leur situation socio-économique. Elles gagnent généralement des salaires inférieurs à ceux des hommes, travaillent plus souvent à temps partiel, et sont plus souvent en arrêt de travail pour s’occuper des enfants. De plus, elles représentent environ 80 % des parents isolés.

Dans de nombreux pays, les femmes ont un accès limité à la propriété foncière et aux ressources naturelles, ce qui les rend plus vulnérables aux catastrophes climatiques. Lors de grandes catastrophes comme les ouragans, les canicules ou les tsunamis, les femmes sont plus nombreuses à perdre la vie parce qu’elles donnent souvent la priorité à la sécurité de leur famille plutôt qu’à la leur et disposent de moins de moyens pour se protéger.

Les femmes comme actrices de l’action climatique

Malgré ces vulnérabilités, les femmes jouent un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

Pratiques écoresponsables et empreinte carbone

Les femmes ont tendance à adopter des pratiques de vie plus écoresponsables que les hommes. Elles émettent 16 % de CO₂ en moins, se déplacent moins et moins loin, consomment moins de viande et optent pour des produits et services à faible empreinte environnementale.

Voici quelques exemples de ces pratiques écoresponsables :

  • Consommation durable : Les femmes sont plus enclines à choisir des produits locaux et saisonniers, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre liées au transport.
  • Mobilité : Elles utilisent plus souvent les transports en commun ou la marche à pied, ce qui réduit les émissions de CO₂.
  • Alimentation : Les femmes consomment moins de viande, ce qui contribue à réduire les émissions de méthane et de CO₂ liées à l’élevage.
  • Gestion des ressources : Elles sont plus actives dans la gestion des ressources ménagères, favorisant la sobriété énergétique et l’utilisation efficace de l’eau.

Leadership et participation dans les initiatives climatiques

Les femmes sont de plus en plus reconnues pour leur leadership dans les initiatives climatiques. Au Ghana, par exemple, les agricultrices représentent environ 70 % de la main-d’œuvre dans l’agriculture et les secteurs connexes. Ces femmes suivent des pratiques écologiques ou biologiques qui minimisent l’utilisation d’intrants externes et de produits chimiques synthétiques, contribuant ainsi à la préservation de l’environnement.

Awula Serwah, écologiste ghanéenne et coordinatrice de l’organisation environnementale Eco-Conscious Citizens Ghana, souligne l’importance du leadership féminin dans la lutte contre le changement climatique :

« Le changement climatique et la dégradation de l’environnement touchent tout le monde. Ils ne ménagent personne. Dans les communautés où les femmes et les filles sont responsables de la production alimentaire, de la collecte de l’eau et du combustible pour la cuisine, c’est particulièrement difficile pour elles ».

Les défis et les opportunités pour l’égalité des sexes dans la lutte contre le changement climatique

Inégalités de genre et accès aux ressources

Les inégalités de genre affectent profondément la capacité des femmes à répondre aux défis climatiques. Voici quelques exemples de ces inégalités :

  • Propriété foncière : Les femmes possèdent moins de 20 % des terres dans les pays en développement, ce qui les rend plus vulnérables aux dérèglements climatiques.
  • Accès aux ressources : Les femmes ont souvent un accès limité aux ressources naturelles, aux services de santé et à l’éducation, ce qui les rend plus vulnérables aux impacts climatiques.
  • Participation à la prise de décision : Les femmes sont souvent exclues des processus de prise de décision, ce qui les empêche de contribuer pleinement aux stratégies de lutte contre le changement climatique.

Solutions et initiatives pour l’égalité des sexes

Pour surmonter ces défis, il est essentiel de mettre en place des solutions et des initiatives qui favorisent l’égalité des sexes.

Voici quelques exemples de ces solutions :

  • Formation et éducation : Offrir des programmes de formation et d’éducation spécifiques aux femmes pour améliorer leur accès aux ressources et aux services de base.
  • Accès à la propriété foncière : Mettre en place des politiques pour faciliter l’accès des femmes à la propriété foncière et aux ressources naturelles.
  • Participation à la prise de décision : Encourager la participation des femmes aux processus de prise de décision et aux initiatives climatiques.
  • Soutien aux initiatives féminines : Soutenir les initiatives climatiques menées par les femmes, telles que les pratiques agroécologiques et les projets de conservation de la biodiversité.

Les femmes et la lutte contre la sécheresse

Les femmes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la sécheresse, particulièrement dans les pays en développement.

Production alimentaire et résilience

Les femmes produisent jusqu’à 80 % des aliments dans les pays en développement, mais possèdent moins de 20 % des terres. Malgré ces contraintes, elles développent des stratégies innovantes pour renforcer la résilience face à la sécheresse.

Voici quelques exemples de ces stratégies :

  • Pratiques agroécologiques : Les femmes adoptent des pratiques agroécologiques qui minimisent l’utilisation d’intrants externes et de produits chimiques synthétiques, contribuant ainsi à la préservation de l’environnement.
  • Conservation de la biodiversité : Elles contribuent à la conservation de la biodiversité en utilisant des variétés de cultures résistantes à la sécheresse.
  • Gestion des ressources en eau : Les femmes développent des stratégies pour gérer efficacement les ressources en eau, réduisant ainsi les impacts de la sécheresse.

Les violences envers les femmes et le changement climatique

Le changement climatique peut exacerber les violences envers les femmes, particulièrement dans les contextes de vulnérabilité.

Contextes de vulnérabilité

Les crises climatiques renforcent les violences envers les femmes en créant des environnements sociétaux où ces comportements violents peuvent se dérouler en toute impunité. Voici quelques exemples de ces contextes :

  • Accès limité aux ressources : Les femmes se retrouvent plus exposées au danger car elles parcourent de plus grandes distances pour accéder à des biens essentiels tels que l’eau salubre ou le bois pour le feu.
  • Augmentation des violences conjugales et sexuelles : Les événements climatiques extrêmes peuvent entraîner une augmentation des violences conjugales et sexuelles en raison des psychotraumatismes et de l’instabilité socioéconomique.

Approche féministe pour la protection des femmes

Pour protéger les femmes contre ces violences, il est essentiel d’adopter une approche féministe qui prend en compte l’augmentation des violences durant les événements climatiques extrêmes.

Voici quelques exemples de ces approches :

  • Intégration dans les politiques publiques : Intégrer la protection des femmes dans les politiques publiques environnementales pour prendre en compte l’augmentation des violences durant les événements climatiques.
  • Soutien aux autorités locales : Soutenir les autorités locales dans leur rôle de protection des femmes et de mise en place de stratégies efficaces pour réduire les violences.

Le rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique est crucial et multifacette. Malgré les vulnérabilités spécifiques auxquelles elles sont confrontées, les femmes apportent des solutions innovantes et des pratiques écoresponsables qui contribuent significativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la préservation de l’environnement.

Pour renforcer leur action, il est essentiel de mettre en place des politiques et des initiatives qui favorisent l’égalité des sexes, l’accès aux ressources et la participation des femmes aux processus de prise de décision. Ensemble, nous pouvons créer un avenir plus durable et plus équitable pour tous.

Tableau comparatif : Rôle des femmes et des hommes dans la lutte contre le changement climatique

Aspect Femmes Hommes
Empreinte carbone Émettent 16 % de CO₂ en moins Émettent plus de CO₂
Pratiques écoresponsables Adoptent des pratiques de vie plus écoresponsables (consommation durable, mobilité réduite) Moins enclins à adopter des pratiques écoresponsables
Leadership dans les initiatives climatiques Jouent un rôle crucial dans les initiatives climatiques, notamment dans l’agriculture et la conservation de la biodiversité Moins représentés dans les initiatives climatiques menées par les femmes
Vulnérabilité aux impacts climatiques Plus vulnérables aux impacts sanitaires et socio-économiques du changement climatique Moins vulnérables aux impacts sanitaires et socio-économiques
Participation à la prise de décision Souvent exclues des processus de prise de décision Plus représentés dans les processus de prise de décision
Accès aux ressources Ont un accès limité aux ressources naturelles et aux services de base Ont un accès plus facile aux ressources naturelles et aux services de base

Liste à puces : Exemples de solutions innovantes menées par les femmes

  • Pratiques agroécologiques : Adoption de pratiques agricoles minimisant l’utilisation d’intrants externes et de produits chimiques synthétiques, contribuant à la préservation de l’environnement.
  • Conservation de la biodiversité : Utilisation de variétés de cultures résistantes à la sécheresse et contribution à la conservation de la biodiversité.
  • Gestion des ressources en eau : Développement de stratégies pour gérer efficacement les ressources en eau, réduisant ainsi les impacts de la sécheresse.
  • Formation et éducation : Organisation de programmes de formation et d’éducation pour améliorer l’accès des femmes aux ressources et aux services de base.
  • Participation à la prise de décision : Encouragement de la participation des femmes aux processus de prise de décision et aux initiatives climatiques.
  • Soutien aux initiatives féminines : Soutien aux initiatives climatiques menées par les femmes, telles que les projets de conservation de la biodiversité et les pratiques agroécologiques.

Citations pertinentes

  • Awula Serwah, écologiste ghanéenne : « Le changement climatique et la dégradation de l’environnement touchent tout le monde. Ils ne ménagent personne. Dans les communautés où les femmes et les filles sont responsables de la production alimentaire, de la collecte de l’eau et du combustible pour la cuisine, c’est particulièrement difficile pour elles ».
  • Zoé Cerutti, Observatoire International des Violences faites aux Femmes : « Travailler sur l’inégalité entre les sexes dans les contextes de vulnérabilité demande une approche systémique adressant toutes les nuances de la vulnérabilité ».